The future depends on what you do today [Léhanorthd/Isaac] [Les cachots]

Il était à peu près minuit lorsque le Professeur Umber revint satisfaite de son escapade nocturne. C’était avec curiosité qu’elle s’était rendue à Pré-au-Lard pour rencontrer le chef du Département des Mystères. Tout ne s’était pas réellement passé comme elle l’avait souhaité, mais elle n’en avait que faire. Elle avait tout de même atteint son but sans trop de difficultés. Elle l’avait ! Elle était enfin en possession de l’ingrédient tant recherché, la pièce maitresse de son projet audacieux.

Céleste avait dans l’idée de se mettre directement au travail. L’excitation était bien trop vive pour qu’elle puisse trouver le sommeil. Elle aurait bien assez le temps de se reposer quand sonnerait son trépas. C’est ainsi qu’avant de regagner ses appartements, elle trouva opportun de faire un saut dans les cachots et plus précisément dans la réserve privée de sa charmante collègue, Lilith Landras. La sorcière était sûre que le Professeur de Potions ne lui en voudrait pas ou dans tous les cas, elle ne la soupçonnerait pas.

Alors qu’elle avait déjoué avec habilité les sortilèges protégeant le fameux coffre aux trésors et qu’elle s’apprêtait à se servir allégrement, un bruit lui parvint aux oreilles. Un bruit qui se voulait sourd, on aurait dit que quelque chose s’était fracassé au sol. Les cachots étaient rarement animés à cette heure tardive…

Après de rapides emplettes, la jeune femme sortit avec suspicion de la salle de classe et se laissa guider par quelques chuchotements. Heureusement qu’elle n’avait pas pris la peine d’annuler le sortilège de «Tue pas» de ses bottes de cuir. Elle était des plus silencieuses.

Il lui semblait entendre deux voix distinctes, mais celles-ci étaient bien trop basses pour qu’elle puisse les reconnaitre. Si jamais, elle tombait de nouveau sur le petit binôme des Serpentards, elle ne les raterait pas. Ils passeraient les quinze prochains jours à récurer à la brosse à dents le parquet répugnant du troisième étage où Peeves s’amusait à lancer les plus dégoutantes substances qu’il pouvait trouver.

Céleste aimant soigner ses entrées ne prit pas la peine de toquer à la lourde porte de chêne et encore moins à essayer de l’ouvrir par sa poignée. Elle devait de toute manière être verrouillée. Un «Expulso» fit sortir instantanément la porte de ses gonds, celle-ci vint se fracasser sans délicatesse sur le sol.

- «Mais qu’avons-nous là ?» demanda-t-elle d’une voix extrêmement doucereuse.

La porte ayant laissé un joli trou béant, la jeune femme jeta un coup d’œil circonspect aux deux étudiants qui avaient bravés le couvre-feu. Malencontreusement, ce n’était pas les deux avortons qu’elle espérait découvrir.

En effet, devant-elle se tenait Mademoiselle Peverell et son cousin, Isaac Nott - De Merteuil. C’était là quelque chose de singulièrement intéressant. La petite Serdaigle était une élève brillante et discrète, elle n’était pas du genre à se tamponner du règlement imposé à Poudlard. Pour le jeune homme, c’était une tout autre histoire…

Alors que Léhanorthd restait de marbre, le vert et argent lui expliqua, d’un ton déplaisant, qu’ils s’adonnaient simplement à leur passion commune. Mais, bien sûr ! Il n’y avait pas de meilleur moment pour un étudiant que de vaquer à ses occupations à minuit passé. La prenait-il pour une idiote ?

- «Puis-je vous demander quelle est donc cette passion ? Et, je m’adresse à vous Mademoiselle Peverell !» demanda-t-elle d’un ton cassant tout en pénétrant dans la salle de classe.

Un coup de baguette magique répara les dégâts infligés plus tôt et le Professeur Umber commença à inspecter la pièce. Un nettoyage devait avoir eu lieu...

Le professeur Umber attendait de pied ferme, de la jeune étudiante, une explication qui la convaincrait de leur présence en ces lieux et à cette heure. La Serdaigle lui expliqua, d’une voix mesurée, qu’ils étaient tous deux en train de vaquer à leur art, l’élaboration de baguettes magiques. S’ils s’étaient réunis si tard, c’est parce qu’ils comptaient utiliser des poils de loups garous dans leurs confections.

Bingo ! Céleste avait appris, par quelques bruits de couloirs , que la mère Peverell était une grande fabricante de baguettes magiques et elle s’était demandée si sa fille avait hérité de quelques habilités dans cette pratique. Une élève si brillante devait avoir un ou deux tours dans son chapeau. Il semblait qu'elle ait misé sur le bonne sorcière.

- «Je vois… » lâcha-t-elle en regardant tour à tour les deux jeunes gens.

Tout en ne les quittant pas des yeux, la jeune femme fit venir à elle une chaise et elle y prit place avec grâce. Elle laissa le silence envahir la pièce de longues secondes.

D’habitude, elle n’aurait pas tergiversé. Vingt points en moins leur aurait été enlevé et leurs sorties à Pré-au-Lard supprimées pendant des semaines. Mais là, … l’intérêt était vif. Il était pourtant hors de question qu'ils l'apprennent directement. Elle préférait laisser planer le doute sur une éventuelle punition. C'était bien plus amusant.

- «Avez-vous fabriqués vos propres baguettes ?» leur demanda-t-elle d’un ton neutre.

Tout ce qui touchait de près ou de loin aux Sortilèges et Enchantements fascinait la jeune femme et ce, depuis toujours. Travail acharné et persévérance lui permettaient de se dépasser de jour en jour. Plus elle en savait et plus elle en apprenait, meilleure elle en devenait.

Le vert et argent marquait un point, leurs pratiques l’intéressaient au plus haut point. Céleste ne s’était encore jamais essayée à la confection de baguettes magiques. L’envie s’était déjà présentée certes, mais elle avait été rapidement mise de côté pour d’autres projets plus ou moins importants.

De plus, cet art n'était pas à la portée de n'importe quelle personne. Elle était douée et elle le savait, mais elle n'était pas du genre à se fourvoyer. Il lui fallait des bases solides pour apprendre et évoluer.

- «Je ne pense pas que vous soyez en position de me poser des questions Monsieur Nott - De Merteuil. Tic, tac, l’heure tourne… ». Répondit-elle d’un ton dédaigneux.

Léhanorthd, plus pondérée, tenta de rattraper les propos de son cousin et de répondre à l’interrogation du professeur.

- «C’est remarquable. Je pourrai presque vous en féliciter tous les deux, mais je ne le ferai pas». Dit-elle avec indolence.

Céleste avait déjà put observer, plus d’une fois, la jeune Serdaigle à son cours. Sa baguette paraissait remarquable et totalement adaptée aux particularités de sa propriétaire. La baguette faisait le sorcier et non, l’inverse. Quoiqu’il y avait peut-être exception dans ce cas…

- «Aujourd’hui est votre jour de chance, vous allez avoir un public ! Moi ! On est toujours meilleur sous la pression, n'est-ce pas? » Dit-elle d’un ton faussement courtois avant de leur lancer un regard noir qui sous-entendait bien des choses.

Le choixpeau ne s'était pas trompée en envoyant le jeune homme dans la maison de Salazar Serpentard, il avait tout d'une arrogante petite vipère. Bien qu'il n'ait jamais créé de zizanie à l'un de ses cours, Céleste ne l'appréciait guère. Elle exécrait profondément les personnes qui se rendaient intéressantes par leur effronterie et qui gaspillaient leur potentiel.

- «Vous ne m'avez encore rien montré qui puisse gagner mon admiration Monsieur Nott - De Merteuil. Dans le cas contraire, je m'en serais souvenue, croyez-moi !» répliqua le Professeur Umber sans dissimuler son agacement.

Alors qu'elle s'apprêtait à mettre un terme à leurs petites expériences et à les dénoncer promptement au vieux fou qui leur servait de Directeur, Léhanorthd tenta de rattraper les propos fielleux de son cousin.

Céleste Umber n'était pas du genre à se laisser amadouer par de quelconques flatteries, mais la jeune Serdaigle trouva les mots pour lui faire changer d'avis, un temps en tout cas.

- «Si efflanqué soit-il, chaque travail mérite attention, Mademoiselle Peverell. Je suis d'ailleurs persuadée que vous n'oseriez pas me montrer quelque chose de médiocre. » répondit-elle d'une voix placide.

Quelque chose d'étonnant ?! Voilà précisément ce que le Professeur Umber attendait de voir. Si elle n'avait pas cru un tant soit peu aux capacités des deux étudiants, elle serait partie sur-le-champ s'enfermer dans ses appartements. Il était hors de question qu'elle perte son temps, elle avait ses propres objectifs à atteindre.

Hochant la tête aux propos de la jeune fille, Céleste se mura dans un profond silence. Elle-même ne supportait pas être déconcentrée dans son travail par des bavardages superflus.

C'est ainsi qu'elle resta de longues minutes à épier les deux jeunes gens qui s’affairaient à leurs préparations. Leurs gestes étaient minutieux. Ils montraient tous deux une parfaite dextérité et concentration. Aucun doute, ils savaient pertinemment ce qu'ils faisaient. Le professeur de Sortilèges n'hésita pas à prendre quelques notes mentales de ce qu'elle percevait. Tout était bon à prendre.

Une fois, les préparations achevées, Léhanorthd lui fit remarquer que la réaction magique des produits serait plutôt brutale et qu'un «Protégo» serait insuffisant pour les protéger du choc. Imitant la petite maligne, Céleste patienta, impassible comme toujours, que les effets se dévoilent.

- «Si vous réussissez et il y a de grandes choses pour que cela soit le cas, vous ne travaillerez plus dans cet infect endroit. Je mettrai à votre disposition un endroit bien plus approprié… »

La jeune femme attendait patiemment les réactions qui allaient émaner des récipients ou plutôt de leurs composants. Elle était persuadée qu'avec de la patience et de la détermination, ces deux jeunes gens feraient de grandes choses. Bien que certains doutes persistaient en ce qui concernait Isaac.

Elle avait dans l'idée de leur céder un local aménagé en parfait petit laboratoire. Un endroit où ils ne seraient en aucun cas dérangés par des regards indiscrets.

Céleste sentit immédiatement de la réticence de la part des deux étudiants. Ils jouaient la prudence, c'était fort intelligent, mais peu pratique. Le vert et argent semblait le moins enclin à accepter un quelconque arrangement. C'était certes fâcheux, mais tout problème avait une solution.

- «Ce que j'y gagne ? Le savoir ! Et, figurez-vous que je sais déjà énormément de choses. Je sais, par exemple, comment vous faire renvoyer sur-le-champ. Je sais également que vous êtes suffisamment arrogant pour tenter de retourner la situation à votre méprisable avantage. Mais, je ne suis pas l'une de vos camarades ! Je ne suis pas du genre à me laisser abuser.» cracha-t-elle avec morgue.

C'est à ce moment-là que l'une des coupelles décida de se briser. Ils y étaient enfin ! Que c'était intéressant. De belles bulles de verres voltaient doucement en direction du dédaigneux Serpentard. Isaac leur demanda ne pas intervenir. A sa guise, c'était son expérience après tout et ses conséquences!

Ce qui se passa par la suite fut des plus étonnants. Les bulles se transformèrent en Nymphe et la créature semblait réagir au contact du jeune homme et à ses cornes. Depuis quand en avait-il ? Il ne fallut pas longtemps au Professeur pour reconstruire le puzzle. Bien ! Cela ne pouvait être que son jour de chance, un vampire et un incube dans la même soirée.

La sorcière préféra nier le spectacle qui s'offrait à elle et se concentrer sur la jeune Serdaigle. L'étudiante suggéra qu'ils devraient s'adresser à un prodige en potions. Elle devait sans aucun doute parler du fameux Marcus Prince. Céleste avait déjà entendu parler de ses exploits au cours du Professeur Landras, mais elle n'avait jamais prêté attention à sa personne.

- «Si vous avez confiance en lui, pourquoi pas. Cependant, il peut vous apporter autant de solutions que de problèmes.» répondit-elle d'un ton détaché.

Le professeur Umber n’appréciait que très peu le comportement belliqueux de l’incube. Pour qui se prenait-il ? Elle avait encore l’autorité entre ces quatre murs et non l’inverse. C’était leur parole contre la sienne et rien de plus. Elle ne tolérerait ni la menace ni l’intimidation. Sa baguette, bien agencée dans la poche de son manteau, lui démangeait sérieusement. Par Merlin, calme et sérénité !

- «Ce sera votre parole contre la mienne Monsieur Nott - De Merteuil. De plus, je n’avais aucune idée de vos intentions. Je suis outrée par leur malveillance… » répondit-elle d’un calme olympien.

Honnêtement, elle savait pertinemment qu’utiliser ce genre de magie pouvait s’avérer être dangereux. Elle savait également que le Serpentard n’avait rien d’une fleur pure et délicate. Il ressemblait plutôt à un parasite qu’il fallait écraser d’un bon coup de talon.

- «Vous dépassez les bornes dangereusement… » lâcha-t-elle d’un ton déplaisant.

Le vert et argent s’approcha dangereusement de la jeune femme. Elle ressentit instantanément une drôle de sensation, ce n’était pas désagréable, non. C’était quelque chose de déstabilisant. Céleste dut requérir à toute sa concentration pour ne pas bouger d’un cheveu. Cette petite vermine tentait d’abuser de ses pouvoirs sur elle. Après les phéromones, les menaces. C’était d’un superbe ! Elle aurait sa tête, d’une façon ou d’une autre.

-«Vous êtes une aberration… »

Céleste Umber le pensait. C’était peut-être faire preuve d’audace d’insulter librement ce genre de démon, mais elle n’en avait que cure. De plus, l’espèce de Nymphe semblait calmer instantanément l’étudiant. Enfin, celle-ci calmait sa colère, mais pas sa convoitise. Qu’un Troll s’abatte sur sa tête ! Bien qu’extérieurement son visage restait impassible, son corps était envahi de chaleur.

Léhanorthd trouva rapidement les mots pour calmer son cousin qui se recula instantanément.

- «Faites comme bon vous semble ! Je perds trop de temps et d’énergie en votre compagnie… »dit-elle complètement blasée avant de faire demi-tour pour rejoindre ses appartements.

Si le Professeur Umber s’était intéressée à la petite Serdaigle et à ses capacités, le comportement ou plutôt la nature de son cousin avait eu raison de cet intérêt.